Histoire du moulin "DARRE LA GLEIZO" du Moyen Age à nos jours.
Juché à 394 mètres d’altitude,
le vieux moulin trône fièrement depuis plusieurs siècles sur la colline aux
moulins derrière l’église du CARLA-BAYLE.
Sur son promontoire le moulin «
DARRE LA GLEIZO » domine la vallée de la LEZE et la vallée de la DOURNE. Au
Nord un bosquet d’acacias cache une ancienne carrière et au Sud se découpe la
cité fortifiée du CARLA et la majestueuse chaine des Pyrénées. Sa situation
privilégiée permet de comprendre l'importance des vents, du vent d'autan venant
du Sud-Est au vent dominant soufflant du Nord-Ouest. En effet la configuration
générale du site des coteaux se prêtait fort bien à l’installation de ce type
d’édifice.
Il
incarne depuis fort longtemps le farouche esprit d’indépendance de la ville
libre du CARLA.
(Etymologie du mot « CARLAT », le sens de « lieu fortifié »). La
racine « car » signifiant « roc » est très ancienne.
L’appellation primitive est « CARLAT » ou « CARLAD » terminaisons
en AT ou AD qui suggèrent l’existence d’un oppidum (lieu fortifié) de l’époque
gallo-romaine.
Le CARLAT est mentionné dans un
document datant de 960 par lequel l’évêque de TOULOUSE donne par testament au
comte de CARCASSONNE « l’alleu » (Terre libre de toute dépendance) du
CARLAT.
Au XIIe siècle le
Comte de FOIX Roger-Bernard 1er y fait bâtir un château fort et
accorde au villageois une charte leur garantissant leurs droits et leurs
devoirs : Le CARLAT devint alors une « ville franche ».
Selon un document de 1263 le village était nommé pendant
quelques temps « CASTLARDO », puis sous l’ancien régime « LE CARLA »,
« LE CARLA LE COMTE », ensuite à partir de 1793 sous la révolution
« LE CARLA LE PEUPLE », de nouveau sous la restauration « LE CARLA
LE COMTE » puis encore sous Napoléon III « LE CARLA LE PEUPLE »,
redevenu « LE CARLA LE COMTE » pour définitivement devenir sur décision
du conseil municipal en 1879 « LE CARLA-BAYLE ».
Très tôt dans l’histoire du
village du CARLA est mentionnée la présence de moulins à vent implantés sur le
plateau ou colline dite des « Moulins ». Ces moulins étaient du type à deux
meules et leur construction remonte vraisemblablement à la période du bas moyen
âge au XIIIème siècle.
Selon
actes contenant les privilèges concédés par Roger-Bernard 1er Comte
de FOIX aux habitants du CARLA, il est ainsi précisé :
« 1- Roger-Bernard Comte de FOIX… concède à perpétuité aux
habitants du CARLA, la possibilité de moudre au moulin de leur
convenance ».
Fait le 05 JANVIER 1286, reçu par Pierre FABRI notaire du CARLA et transcrit
par Arnaldus de FUXO.
« 3
– Les habitants peuvent moudre dans tous les moulins du Comte, contre le droit
du vingtième ». Fait le 14 MARS 1299 à CAMARADE, reçu par Bernardus de
FUXO notaire du CARLA et transcrit par Petrus JOHANNIS Junior.
En 1464 un procès oppose la
communauté du CARLA aux religieux des SALENQUES. Un document de sentence en
date du samedi 17 MAI de l’an 1466, mentionne :
« 5- Le lieu
du CARLA est au Comté de FOIX, et toute juridiction en ce lieu appartient en
seul au Comte. »
« 7- Le Comte
avait anciennement, au lieu du CARLAT, des moulins à vent où tous les habitants devaient aller moudre. »
« 8- Ces
moulins ayant été détruits... »
« 9- Le Comte
constatant la destruction de ses moulins… »
A l’occasion des sièges avortés
de 1561 et 1569, lors des guerres de religion au XVIème siècle, les
moulins sont détruits par les armées catholiques puis rebâtis.
En
1634, sur la gravure de Christophe Nicolas TASSIN est mentionnée la présence
d’un moulin à vent à l’extérieur des remparts au Nord du château (à gauche sur
la gravure) :
Gravure du XVIIème siècle extraite de l’ouvrage « Plans et Profils » de toutes les principales villes et lieux considérables de France, réalisé en 1634 par le Sieur Christophe Nicolas Tassin, géographe ordinaire de sa Majesté. À Paris, Chez Melchior Tavernier, en l'Isle du Palais, (Provinces de Foix & Béarn. Catalogue réalisé à la demande de Louis XIII afin d’effectuer un inventaire des places fortes huguenotes.
Sur certains ouvrages,
Christophe Nicolas Tassin a le titre de « Conseiller du Roy, Commissaire
ordinaire des guerres, et Géographe de Sa Majesté ». Il était également «
Marchand d'images », ayant obtenu en 1631 le privilège pour dix ans de faire «
imprimer, vendre et débiter par qui bon lui semblera les cartes générales et
particulières de France et des Royaumes ».
Sur
la carte de CASSINI (1780 – 1810) un moulin est mentionné en ruine au Nord-Ouest
du village de « LE CARLA DE COMTE » :
Une photo sépia de début 1900 présente le moulin DARRE LA GLEIZO en état de fonctionnement :
Sur
ces deux photographies « cartes postales » du début des années 1900
nous pouvons constater la présence du moulin qui a conservé ses ailes :
En date du 15 DECEMBRE 1692, le registre de la paroisse du CARLA mentionne le décès au jour précédant de Raymond ARBOFEUILLE meunier, demeurant avec Jacques VOQUES aussi meunier.
Le 29 OCTOBRE 1765, au décès de Marianne GILARES est ainsi précisé fille de Jean Paul GILARES meunier de la paroisse du CARLA.
En 1893
– Lors du recensement au CARLA-BAYLE, est mentionné Monsieur BOUBILA « Meunier ».
En 1894
- Lors du recensement au CARLA-BAYLE, est mentionné Monsieur DESSORT dit (Gabriélou) « Meunier ».
En 1921
– Lors des recensements au CARLA-BAYLE, est mentionné Gabriel DESSORT « Meunier Patron ».
En 1939 - L’annuaire de l’Ariège mentionne Urbain CABANAC meunier au CARLA-BAYLE.
Sur une carte de 1950, apparaît la mention de Moulins en Ruines (Mins Rnes) :
En 1950, sur une photographie, le moulin « DARRE LA GLEIZO » apparaît alors bien délabré :
Bien
qu’en ruine, le vieux moulin derrière l’église était devenu un lieu de
rendez-vous pour la jeunesse du CARLA. On y dansait avec un vieux phonographe à
ressort cassé. C’était les plus jeunes qui faisaient tourner le disque à la
main ne respectant pas de ce fait le rythme normal de la musique et de la
danse…
Dans les années 1970, le moulin fût sauvé in extrémiste d’une disparition certaine :
1975 – Au loin le moulin certes restauré mais dépourvu de ses ailes et de son toit pointu :
1985 - Le moulin « Darre la Gleizo » survolé
par les ballons du trophée des Pyrénées:
De 1975 à 2021 - Le moulin « Darre la Gleizo » de nouveau laissé à l'abandon :
2021 – Après 50 ans de sommeil, sonne le réveil du moulin :
Commentaires
Enregistrer un commentaire